
Michel de Saintes

Poésies
Est-il une épopée ?
Point d'orgue
Le fracas d'un mur
Éclats de béton
Plus de balles sifflantes
A brisé des chaînes
Temps d'ivresses et d'illusions
Un saxophoniste jouait
De cette mélodie
Avons nous su tirer les silences
Qui à cette victoire offrait sa respiration.
Très vieille maladie
Profonde et sourde pestilence
Aveugles certitudes faiblesse des nations
En bateleurs d'estrade éclaboussent le temps
Postillons de grands mots et petite vision
Haro sur l'ennemi silences malvenus
L'âpre complexité n'y trouve sa grammaire
Le verbe bafoué l'adjectif éculé
Quant à notre avenir ne sait donner son sens
Parfois quelque éclair
Le ciel s'illumine
Puis la nuit s'installe
Alors se pousse du col
En aventure hasardeuse
Que le balancier du temps retombe
Et notre terre se décompose
Ne faut-il préférer l'humus
Au délétère fumier
Qu'ainsi trouvent refuge
Les graines de la vie et osons
Patients et soigneux faire germer
Avec hardiesses le futur.
L'orage, sonnet
Et sur la plage un jour, au soir sous un ciel sombre
Dans le sable pieds nus marchant illuminés
Quand la folie des dieux à nos âmes damnées
Nous prenait par la main pour l'auguste rencontre.
Lors un visage hideux se mit à ricaner
De sa bouche mimait les vents soufflant en trombe
Soulevant les rouleaux et vous mouettes sans nombre
Perciez de votre cri ce violent hyménée.
Se soulevaient les eaux le fracas et l'écume
Lors un lait de blancheur dans un grand bruit d'enclume
Ourlait tel un venin la gueule d'un dément.
Fascinés par l'éclair, abrutis de tonnerre
Les éléments en nous au final dégénèrent
En une absurde course aux cœur du firmament.
Rêve médiéval
Quand penchée sur votre ouvrage,
Le front incliné et sage,
La lumière à vos doigts
Accroche mon émoi,
L'histoire subreptice s'invite,
Lors vous faites vivre une pépite.
De la robe tissée d'or
Sur fond pourpre tel trésor
Révélez la richesse,
Et ce n'est point détresse
Mais libre arbitre et votre esprit
À vos sens soumis ne s'est dépris.
Là votre persévérance
Y trouve son essence
Quand des couleurs jouez,
Rouges et bleus voués
Au plaisir de l'ouïe avec maîtrise
Mains agiles à l'orgue promises.
Sur la grande cheminée
Trône richement ornée
La dame à la licorne,
Et votre amour sans bornes
Quant à travers les vitraux lumière
En raies tremblantes semblent prière.
Poésie de circonstance
Ne renonçant à aucune césure
Il est un chant issu des profondeurs
Qui ne soit larme ou névrotique pleur
Et je le jure porte fière allure.
Écoutez donc cette complainte
Va s'exhalant comme une plainte.
Le vent dans la lande imperceptible souffle
Une odeur suave et craque les pins
Mes pas dans le sable ont la chaleur du pain,
Lors enivrons-nous avant qu'il ne s'essouffle.
Écoutez donc cette complainte
Va s'exhalant comme une plainte.
Mais venus de l'ouest, de la vague océane
Sa persévérance a la moiteur du sel
Quand aucune voix n'a son cérémoniel,
Léger ou dantesque, il ouvre grand les vannes.
Écoutez donc cette complainte
Va s'exhalant comme une plainte.
Vent du nord, vent d'est contestez sa présence
Et c'est par bouffées, portrait échevelé,
Que gronde la colère d'étoiles constellées.
Ô la nuit grandiose, pleine lune, espérance.
Écoutez donc cette complainte
Va s'exhalant comme une plainte.
Les vents du sud sont souffles chantants
Pleins de chaleur, indicible bien-être,
Fière maison, ils ouvrent la fenêtre,
Pure raison, avenir enivrant.
Écoutez donc cette complainte
Va s'exhalant comme une plainte.