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Une bulle, un jour ...

   Ce sont ici poèmes qui sont éclairés par mes "Eléments de prosodie" inspirés eux-mêmes de mes recherches de mathématiques. Le principe en est simple et vous pourrez le découvrir dans la page prosodie.

   Quand une bulle

 

Quand sur la feuille

Déjà plus blanche

Là quand s’épanche

L'âme recueille

 

Premiers stigmates

D’encre et stylo

Tracent ces mots,

Mes doigts sans hâte

 

Forment bulle

Et s’envole

Toute folle

 

Traverse vibrante

La fenêtre et hante

D’entre les soupentes

Oh ! fragile et lente

La rue qui la tente

 

Mais voici qu’erratique

Poussée par le vent

Elle s’arrête

Et repart,

Passe de la rue le coin

 

Puis là longeant l’avenue

D’un léger soleil goûte

Douceur la prenant toute.

             Quand le soir est passé

 

Quand le soir est passé

Qu’après sous la lampe avoir potassé

Je m’étends

Cultivant alors cet instant propice

J’écoute mon corps et le sang battant

À ma tempe et lors sensation factice

À mon front se dépose

Une fraîcheur comme une ombre se pose

La colombe

Douce pacifique et fragile oiseau

La brise de son aile en mon front tombe

Et là fait frémir le grain de ma peau.

 

Sous mon beau ciel d’été

L’infini des cieux profonde entité

Offre à ma prière

Le doux écho d’un vaste bruissement

Dieu imperceptible et par la rivière

De la pensée mon âme vrai roman

Au fil de l’eau s’ébat

Au moindre frémissement se rabat

Et quand je sommeille

J’écoute le bruit du grand univers

Et presqu’en m’endormant l’état de veille

Privilégié moment poudre d’asters

 

Absence du sommeil

Lors vers trois heures ce n’est plus pareil

Car le rêve

Immanquablement va se constituer

Quand sur l’écran de ma bulle et sans trêve

Défilent images à situer

Dans un monde onirique

Ciselé comme une fresque biblique

Oh ! couleurs

Vous illuminez ma nuit de tableaux

Ostensiblement tirés par bonheur

Des circonvolutions de mon cerveau.

           Un chant ?

 

Ce chant qu’à travers mon art poétique

Obstinément je recherche,

Ce chant qui conjurant le maléfique

Sur la beauté se perche,

 

Ce chant pour l’âme

Ne demande qu’une épopée

Pour se doper

Et en être l’épithalame.

 

Faut-il qu’alors nouvelle naissance

À un art ancien se substitua ?

Faut-il qu’alors nouvelle aisance

Dans le complexe se situa ?

Faut-il une révolution ?

 

Au-delà est bien le mot,

Du nouveau c’est le lot

Mais point n’est biffant l’ancien

Qu’il fait plutôt sien

Ce qui me direz-vous

Est nouveau rendez-vous.

 

Un modèle est épuisé

Qui dans la mort lui se complait

Et par épure nie la réalité.

Un modèle est épuisé

Aveugle ne voyant que le laid

Lui dire son fait je l’ai tenté.

 

Mais n’étant point naïf

Au beau faisons sa place

Et que les deux s’enlacent

Puis n’étant pas rétifs

Menons-les en notre besace

Dans de nouveaux espaces

Où ils ne seront point captifs.

 

Et pour que sa place trouve l’espoir

Pour qu’en un déséquilibre

Naisse là le mouvement

Il ne faut peindre tout en noir

Et laisser vibrer la fibre

De lumière élégamment.

 

Puis un chant s’épanouira

Une nouvelle renaissance

Le siècle épousera

Et qu’alors avec aisance

De France s’envolera.

             Tant d’autres

 

Rue Vaugirard

Le long des grands immeubles

Jusqu’où va le regard,

Sur les trottoirs que meublent

Les passants dans leur bulle

 

Que seule crève

Une mère parlant à son fils.

Ils vont là énigmatiques

Comme engoncés dans leur rêve

Et de leur pas élastique

Croisent l’ignorant

La  si jolie bulle délice

 

Irisée du pâle soleil

Qui d’avec son rayon vermeil

Chauffe le clochard adossé

Au grand mur de pierre dressé.

 

Se saluent

Les habitués du quartier

D’un mot élu

 Mais aussi d’un sourire entier.
   Voilà donc quelques extraits de ce recueil qui donne une nouvelle façon de voir le travail poétique en ne biffant pas la rime ni la métrique. Bien sûr, c'est ici sous-jacent et il faudrait quelques explications pour chaque poème.
   Vous pouvez les trouver en allant sur la partie poétique du site:
                                             http://oscfract.free.fr
avec l'intégralité du recueil.

           Théâtre de rue

 

Les deux clochards au doux soleil,

Leur mol habit tout chiffonné,

Interpellent non un pareil

Mais le passant tout étonné.

 

Tel un auteur sans scène,

Déséquilibré,

Heureusement assis,

Le langage libéré.

 

Interpellent un couple âgé,

Main dans la main,

C’est un amour piégé.

Lui, pantalon noir et escarpin,

Sombre est sa mise ;

Elle, jupe beige et courte cape,

Élégante et précise,

Souriante malgré satrape.

 

Attirent leur attention

Alors que gronde un camion,

Très pressée, une maman,

Djeans et bottes, en manteau noir

Et l’enfant dormant comme un loir.

 

Apparaît un autre personnage

Une jeune Eve, un amour,

Et fort élégante en corsage,

En collants et short de velours :

Ils sont noirs comme ses bottines.

Elle sourit chevelure au vent

Répondant aux piques mutines,

S’enfuit devant le couvent.

 

En salopette verte

Nos balayeurs des rues

Avec nos clochards dissertent,

Et tout au long des avenues

Balancent leurs balais

Au hasard des déchets.

 

Deux jeunes amoureux

Dans une bulle réunis,

Lui, le froc pendant,

Elle, une longue écharpe,

Se tiennent enlacés

Dans le désordre de leurs pensées,

S’emmêlent presque les pieds

Quitte à s’estropier ;

 

Alors nos deux hommes sifflent.

             Une vieille dame

 

L’église sonne par bonheur.

Dame à la chevelure grise

Doucement avance et peur,

De tomber l’a bien prise.

Sur sa canne alors s’appuyant

Traîne ses mânes lourdement

Quand d’un œil triste elle regarde

De sa bulle l’intérieur,

Comme si, inquiète, par mégarde,

Elle la crevait par malheur.

 

Dame lance pauvres regards.

Porte en ses chaussures, chaussette

Peu élégante à tous égards,

Et jupe informe peu coquette.

Mais alors à qui faut-il plaire ?

Et que vraiment peut-on y faire ?

Elle porte une cape brune

Car elle a froid quand le vent souffle,

Elle est ridée comme une prune,

D’un long cache-nez s’emmitoufle.

 

Doucement avance et la peur

En sa vie est bien engoncée,

Mais à l’église par bonheur

Quand la prière prononcée

Elle s’échappe, vibration

Du chant, folle giration,

Monte divine croyance.

Complice d’un Dieu surhumain

Mais chante comme en son enfance,

Alors a retrouvé l'humain.

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