
Michel de Saintes

Définitivement
Mon chant est un paysage
Ce n’est encore que bruissement,
Source en son ruissellement,
Une simple vibration,
Frêle lumière entre brindilles,
À peine légère tension
Qu’à l’instant ma plume grappille.
Puis au hasard des obstacles
Se jette à droite,
Se jette à gauche,
En tourbillons s’emberlificote,
Roucoule en gazouillis
Et promptement glisse.
D’entre les rocs prend vigueur,
Déjà coule avec ardeur,
Se heurte au dur métier.
Noir à cette heure l’altier
Il éclate en étincelles
Provoquant des arcs-en-ciel,
Héroïque et conquérant.
Puis c’est en cascade
Que violent il chute.
Assez de mascarade,
Appel à la lutte
Des mots et des cerveaux.
Alors il rassemble ses eaux
D’un grand geste en une vaste brassée.
C’est un lac en ses rives embrassé.
De la pensée le lac pacifique et profond
Dont aucun être humain ne peut toucher le fond.
Puis s’écoulant en une rivière impétueuse
Il draine avec lui de multiples affluents.
Quand par la sécheresse au jour d’été se creuse
Lors aux premières pluies redevient efficient.
De la femme de l’homme il ne fait le veuvage,
Reflets en son miroir des plus vastes feuillages.
Prenant son aise dans la plaine se fait fleuve
Pour ces barges ventrues de la complexité.
Chargé du limon des mots donne une idée neuve
Accostant aux grands quais de nos vieilles cités,
Trainant dans son courant un air plus frais qui souffle
Ces vers que sous mon coude alors sans fin je camoufle.
Lors en large estuaire puissamment se déploie,
Multipliant les bras lance un défi aux îles
Qu’il enserre violent quand ses courants font loi.
Sous le soleil du soir ses escadrons défilent,
Des oiseaux lance un cri, ce cri que je reprends,
Ce cri de liberté que l’existence apprend.
Echo
Quand dans mon crâne cet écho
Résonne et tonne,
Quand dans mes rues comme en écho
Je m’époumone,
Est-ce rêve ou réalité ?
De l’un suis sûr,
Pour l’autre dans cette cité
Le temps est mûr
Pour qu’en multiples sons se renvoient les mots,
Que se rassemblant
Comme cent chenilles se forment mes vers
Qu’en vaillants héros
Lors assaillent les murs et que tout en rampant
Par les lampadaires
Éclairés dans la nuit se lovent mes rimes
Pour qu’en chrysalides
Deviennent pour vous seuls papillons poèmes.
Notre horizon
Ah ! Je le vois cet horizon,
Je l’aperçois à peine au jour
Se profilant. Est-ce raison ?
Est-ce rêve qui flotte et sourd ?
Sur cette mer agitée
Qui nous ballotte et nous secoue,
Sous le ciel d’ombre
Et d’éclairs sans nombre,
Sommes-nous donc casse-cou
Pour aux orages nous affronter ?
Ce sont des bruits de fronde
Que sur la coque fait l’onde,
Ce sont violents craquements
Que le vieil esquif incessamment
Émet s'il affronte une vague
La fendant comme avec une dague.
En plus redoutez-vous la brume,
Grise, opaque, voilant le cap.
Je la déchire d’un trait de plume.
Regardez ! Ce trait de lumière que je happe.
Las, n’hésitez pas faites en votre festin
C’est par là que se joue tout notre fier destin.
Voilà qu’à l’horizon les nuées se déchirent.
Voyez, elles prennent couleur du jour levant.
Ce n’est pas sans raisons qu’à la lumière aspire
Un peuple qui ce jour ira se levant.
Délire
Ce délire
qui m’aspire
n’est qu’impatience,
n’a pas de sens,
Moment de folie.
Quand me relis
insatisfait,
pas assez violent y paraît,
pas noir.
C’est pas non plus le grand soir.
C’est pas tout blanc
Mais en tout cas c’est pas du flanc.
Pas assez de couleurs
j’en ai bien peur,
De la laideur de la tristesse
Une touche mais c’est paresse.
Vous êtes des râleurs
c’est bien connu,
Vous êtes vrais hâbleurs
c’est reconnu,
Indisciplinés peut-être aussi
tout cela se discute,
en tout cas n’êtes pas rassis
cela je le réfute.
De l’enthousiasme vous en avez
quant à quoi l’employer vous savez.
L’imagination n’est pas un problème,
La rigueur peut-être par flemme
manque à l’appel
il y faut quelques rappels ;
Je le sais tout cela
mais permettez que j’y mette le holà.
Cependant à être positif
je ne suis pas rétif.
Comme je l'ai déjà dit, vous trouverez l'intégralité du recueil sur la partie poétique du site suivant:
http://oscfract.free.fr
Voilà pour l'instant un aperçu de ma poésie.
Anciens ou modernes
De cette querelle qu’il y eu autrefois je voudrais m’inspirer pour vous faire comprendre, que là gît un faux problème et qu’il est bon quelquefois de réfléchir plus loin. Que l’on peut apprendre la nouvelle donne de ce siècle en cours, la nouvelle façon qu’il y a de penser. Entre les deux choisir, n’est pas le dernier recours, que ce n’est pas timidité mais qu’il faut enlacer un hardi au-delà dans la complexité. Et pourquoi pas moderne et pourquoi pas ancien, je fais ce qu’il me plait dans cette nouvelle cité, mêle l’un à l’autre me prenant par la main.
Lors je donne structure au vers que l’on dit libre, laissant la liberté au plus pur aléa, puis donne liberté aux vers anciens qui vibrent de nouvelles façons, vous en êtes béat. Je vous ai de cela déjà entretenus, mais c’est de ce principe étonnamment nouveau qui je veux d’évidence souhaiter bienvenue. Un monde pour le moins ternaire largement se déploie, au vieux monde binaire il se substituera ; alors n’hésitez pas faites-en votre proie avec persévérance sinon il vous tuera.