
Michel de Saintes

Entrelacs.
Un jour un vers
Marie, vos yeux font lever des soleils.
Marie, mes vers à vos yeux sans pareils.
Marie, ma voix tout en mes vers se terre.
Marie, vos yeux verts
À votre peau, caressent la pâleur,
Taches en multitude éclatent de rousseur.
Marie comme magie, votre sein vibre
Et quand ma joue y caresse sa fbre
Marie accalmie, de lune un éclair
Y colore la volute d'éther.
Des poèmes tirés de ce recueil, qui furent pour moi en quelque sorte, des poèmes inauguraux.
Puis j'abandonnais la poésie pour les mathématiques et revînt enfin à mes premières amours.
Écoute Arnaud…
Ces simples vers
qu'à l'instant je libère.
Sauras-tu de la vie
alors qu'au lever
tu y déposes un pied,
d'entre ses festons
découdre les fils ?
Imagine-les, ils sont multiples,
ils ont l'éclat des espérances,
la fragilité des soies colorées.
Ils sont multiples, se mêlent
et se démêlent.
Tire-les, comme à la harpe
les cordes, du bout des doigts.
Leur musique est de cristal,
ils te mènent dans un
sacré bal.
Tisse ta toile, mais attention
comme au matin les
notes de rosée à la toile
de l'araignée y jouent
leur partition,
elle est fragile la vie,
fais-lui une ovation.
Musique en noir et blanc
Madame veuillez
Accepter
Cette curieuse tulipe noire
Qu'à votre main je veux voir.
À n'en pas douter
Vos doigts tremblent
Tandis qu'à votre pâle poignet
Palpite une veine bleutée.
Je n'en peux douter
Faites comme il vous semble
Et qu'à votre robe moirée
Soit suspendue ma destinée.
Madame veuillez
Écouter
Dans cette nuit d'ambre et de mûre
Le chant qu'à bout de souffle je murmure.
Que votre regard
À mon émoi s'assemble
Qu'enfin quelques étoiles y brillent
Et que derrière ce voile, dont elles s'habillent
Tout mon regard
Comme un filet rassemble
En de multiples éclats d'argent
Ces doux espoirs dispersés par trop de vent.
En d'autres temps,…
Tant d'autres.
Mes vers vivent de l'air du temps.
Il nous faut attraper les mots
Les mettre au bout de son stylo
Et l'encre à la plume s'enlace
Puis sur la feuille blanche y dépose leurs traces.
Mes vers vivent de l'air du temps.
Alors voyez comme à la trame
D'entre les fils discourt leur âme
Pâte de bois, chair précieuse,
Un homme y sculpte là cette ode capricieuse.
Mes vers vivent de l'air du temps.
Écoutez-les, rivières folles
En vibrations, quand leurs alcools
De si bémol en clarinette
Enivre pour un sol, font une pirouette.
Mes vers vivent de l'air du temps.
Ils sont de flamme, de ces couleurs
Insaisissables, moirés de peur,
Bleus et nuit, tendres, eau verte et jade
Ils fuient et crient voilés, noirs sur blanche parade.
Mes vers vivent de l'air du temps.
Ils se mêlent et se disloquent
Fleuves d'espaces, rivières loques
Vous enveloppent et vous pénètrent
Et cependant retords sortent par la fenêtre.

L'hiver, le froid…
J'aime l'hiver, quand les arbres chargés
des velours blancs du givre
renvoient au ciel la lumière incertaine et tamisée
des brumes ouatées.
Les corbeaux croassent quand les oiseaux se cachent.
L'air coupant, tel ces prismes de glace dans les ornières
a réduit le chant des oiseaux ;
les bruits eux mêmes ont pris froid et leurs
rumeurs se contractent, et deviennent discrètes et
se font oublier.
Les labours exhalent leurs rousseurs ; les pieds des
choux de Bruxelles s'abritent sous leur chevelure,
dressés sur leur grand cou.

C'est une petite fille brune,
Elle va inquiète et aimante
Sur nos chemins qui se sont croisés,
C'est une petite femme à la peau de lune,
Elle me fait rêver comme une amante,
Je l'imagine quand je regarde à la croisée
C'est une femme sur la dune
À Arcachon comme une galante
Puis quand elle ouvre la croisée
De sa maison opportune
Le grand parc comme une Atalante,
Puis devant sa cheminée rêve aux croisés.